Depuis le début de la crise, les Français puisent dans leur assurance vie pour remplir leur livret A et revenir en bourse.
Avec la crise du coronavirus, les Français sont en train de modifier leurs habitudes d’épargne. En l’espace d’un mois, le placement préféré des Français, l’assurance vie, vient de subir une décollecte historique. La collecte de février avait déjà été divisée de plus de moitié par rapport à la même période l’an dernier, mais elle s’élevait encore à 1,5 milliard d’euros.
En mars, les sommes versées par les épargnants sur leur assurance vie ont atteint 9 milliards d’euros, quand les sommes retirées étaient de 11,2 milliards d’euros. Selon la Fédération française de l’assurance (FFA), c’est la première depuis le mois de décembre 2018. Il faut remonter à décembre 2011, en pleine crise grecque, pour avoir une collecte nette négative d’une ampleur plus forte (- 3,8 milliards d’euros).
Selon Philippe Crevel, du Cercle de l’épargne, « ce résultat est la conséquence du fort recul des cotisations qui sont passées de 11,2 à 9 milliards d’euros de février à mars 2020. En mars 2019, les cotisations s’élevaient à 12,3 milliards d’euros. De leur côté, les prestations ont atteint 11,2 milliards d’euros au mois de mars contre 9,7 milliards d’euros en février et 10 milliards d’euros en mars 2019. L’assurance vie a été victime du confinement. Les épargnants ont été entravés dans leur mouvement du fait du confinement qui a été appliqué à compter du 17 mars. Ils n’ont pas, de ce fait, durant la deuxième quinzaine du mois de mars, eu la possibilité de rencontrer leur assureur, ce qui a limité le nombre d’opérations.
La proportion des assurés qui utilisent Internet pour effectuer des arbitrages est plus faible que celle des titulaires du livret A. Autres éléments perturbants pour les investisseurs, des rumeurs récurrentes circulant sur les réseaux sociaux ces dernières semaines assurait que Bercy étudiait « la possibilité de ponctionner de 10 % les comptes de moins de 100 000 euros de tous les Français et de 15 % les comptes supérieurs à 100 000 euros ».
Une ponction massive de l’épargne rapidement démentie par le ministère de l’Économie auprès de LCI: « Il s’agit d’une fake news. On ne fait pas de relance économique en augmentant les impôts. Bruno Le Maire a été très clair sur ce point ».
Ces rumeurs se sont réactivées depuis la fin de l’année 2019, date à laquelle les autorités de contrôle du secteur financier s’en sont prises aux fonds en euros des contrats d’assurance-vie pourtant sécurisés pour l’épargnant en leur conseillant de réorienter leur épargne vers les fonds en unités de compte investis sur les marchés financiers.
Problème, depuis le début de l’année avec la crise du coronavirus, la bourse a dégringolé avec une perte du CAC 40 de près de 23 %.
Les nombreux épargnants qui ont suivi les conseils « officiels » risquent donc de le regretter même si en mars, la collecte en unités de compte a représenté 35 % des cotisations, selon la FFA.
Une réorientation de leur épargne
Dans le doute, les épargnants ont tendance à revenir sur le livret A, qui présente l’avantage d’être totalement défiscalisé et liquide. En mars, la collecte sur le livret A a atteint 2,7 milliards d’euros.
Autre changement majeur, le retour des épargnants en bourse. Selon une étude de l’AMF, « si certains des particuliers étaient déjà actifs en Bourse dans les mois qui ont précédé la crise liée au coronavirus, plus de 150 000 investisseurs ont fait leur entrée sur le marché, pour la première fois depuis janvier 2018 », indique le gendarme des marchés. Leur profil diffère des habitués des marchés actions : ils ont entre 10 et 15 ans de moins que les investisseurs habituels et ont investi de plus petits montants. Au total, 580 000 particuliers sont revenus sur les actions du SBF 120 et du CAC 40 entre le 24 février et le 6 avril.